vendredi 9 février 2018

Et si les femmes étaient plus douées pour maintenir la paix?

Par Jean Poitras et Solange Pronovost

Le continent africain a été aux prises avec plusieurs guerres civiles meurtrières au cours des dernières décennies. Toutefois, même après un cessez-le-feu ou un accord de paix, les conflits ont trop souvent tendance à resurgir et les épisodes de violence deviennent cycliques. Ce n’est pas toujours le cas cependant. Des chercheurs se sont donc intéressés à l'identification des facteurs qui pouvaient modérer le risque d’une résurgence à la suite des arrêts des hostilités ou de la conclusion d'une entente. Il semblerait qu’un des éléments positifs importants soit la présence de femmes au sein du leadership gouvernemental. Comment peut-on expliquer ce résultat ?

Ellen Johnson Sirleaf. Présidente du
Libéria de 2006-2018. Prix Nobel de
la paix en 2011. Sous sa gouverne,le 
pays connu une période de paix 
après 2 guerres civiles(Photo: Wikipedia)
Selon les recherches, deux mécanismes tendent à expliquer l’impact positif qu'elles ont sur le maintien de la paix sociale. Les résultats ont été obtenus en divisant les gouvernements post-conflit selon la proportion de femmes qui y occupaient des postes de gouvernance. Ainsi, ceux qui comptaient une plus grande représentation féminine présentaient moins de résurgence de conflits.

La présence de femmes au sein du gouvernement réduirait le risque de récurrence de conflit des deux façons suivantes:
  • En donnant la priorité aux dépenses sociales sur les dépenses militaires
  • En améliorant les perceptions publiques de la bonne gouvernance et la crédibilité des élites politiques.
Toujours selon les auteurs, l'augmentation de la masse critique des femmes au sein des législatures nationales représente une intervention potentiellement fructueuse pour accroître la durabilité de la paix après une guerre civile. Peut-être que la solution réside aussi dans l’encouragement des hommes en situation de pouvoir à adopter des valeurs de développement et justice sociale. Mais là encore, la présence de leurs collègues de l'autre sexe ne peut qu'aider. Bref, vivement la parité homme-femme pour un leadership favorisant la concorde!

Références
  • CAPRIOLI, Mary. Primed for violence: The role of gender inequality in predicting internal conflict. International Studies Quarterly, 2005, vol. 49, no 2, p. 161-178.
  • HUDSON, Valerie M., CAPRIOLI, Mary, BALLIF-SPANVILL, Bonnie, et al. The heart of the matter: The security of women and the security of states. International Security, 2009, vol. 33, no 3, p. 7-45.
  • SHAIR-ROSENFIELD, Sarah et WOOD, Reed M. Governing Well after War: How Improving Female Representation Prolongs Post-conflict Peace. The Journal of Politics, 2017, vol. 79, no 3, p. 995-1009.

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