samedi 15 septembre 2007

Mieux comprendre l’escalade des conflits

Nous vous présentons cette semaine un modèle d’escalade des conflits. Celui-ci présente le cycle de vie d’un conflit, partant de la période de latence jusqu’à la rupture, en décrivant les différentes étapes qui conduisent à l’ultime fracture. Il comprend trois phases : la phase de latence, celle de détérioration des relations et finalement, la phase de coercition.

Phase de latence
À cette première étape, les germes du conflit sont présents. Toutefois, son évolution est contrôlée ou encore très lente, ce qui fait que les gens ne perçoivent pas que le conflit pourrait dégénérer. On parle alors de facteurs prédisposants au conflit, rendant ainsi l’organisation vulnérable à l’éclatement du conflit.

Il importe de savoir que ces facteurs prédisposants sont parfois inhérents à l’organisation en ce sens qu’ils font partie intrinsèque de la vie de celle-ci, et qu’il est donc impossible de s’en départir. Ceux-ci ne conduisent pas nécessairement à l’apparition d’un conflit. Mais ce dernier voit le jour lorsqu’un évènement vient en précipiter la gravité, ou lorsqu’un mécanisme de régulation s’estompe.

Le défi de cette phase est de savoir reconnaître qu’il y a un conflit qui pourrait potentiellement devenir destructeur, et d’instaurer une démarche organisée de réconciliation. Lorsque l’état d’équilibre se rompt sur le plan des facteurs prédisposants par l’apport d’un élément précipitant ou la disparition d’un mécanisme de contrôle, le conflit sort de sa phase de latence.

Phase de détérioration des relations
Cette phase se caractérise par une augmentation de l’intensité du conflit, principalement par une personnalisation du conflit. On ne regarde plus le problème, mais la personne, le groupe ou l’organisme d’où il semble venir. C’est cette personne, ce groupe ou cet organisme qui devient le problème.

À cette étape, l’un des principaux moteurs dans l’escalade du conflit est l’action-réaction des uns et des autres jusqu’à un point où ne sait plus vraiment qui a commencé. Il y a formation de clans. On recherche des alliés qui viennent nous conforter dans notre position et dans notre conviction que c’est l’autre qui est le problème.

Le défi de cette phase est de régulariser la dynamique d’action-réaction et d’instaurer des mesures de réconciliation des intérêts. Lorsque le conflit n’est pas contrôlé à cette étape, la radicalisation des perceptions et la polarisation des clans peuvent éventuellement conduire à un bris de communication entre les protagonistes.

Phase de coercition
C’est la phase où l’intensité du conflit s’accentue très rapidement par diverses tentatives de coercition de part et d’autre. Il s’agit d’essayer de forcer l’autre à accepter son point de vue ou ses demandes de concession.

À cette étape, l’un des principaux moteurs de l’escalade du conflit est la recherche de l’équilibre des dommages, c’est-à-dire que les gens commencent à comptabiliser les gains de l’autre et à les comparer avec les leurs. Lorsqu’ils s’estiment en déficit, ils cherchent la revanche.

Deux phénomènes importants se produisent alors. Le premier est que les gens perdent de vue leur objectif commun, c’est-à-dire la raison qui les motivent d’être ensemble, pour adopter un autre objectif, soit celui de gagner sur l’autre. Le second phénomène est qu’il commence à y avoir une impression grandissante que la coexistence avec l’autre est impossible et que l’un des deux protagonistes devra partir.

Ici, le défi est triple. Il faut limiter les dégâts causés par les tentatives de coercition, régulariser les comportements entre les protagonistes pour contrôler les actions-réactions, et déployer des efforts de réconciliation des intérêts. Lorsqu’il y a perte de contrôle de l’escalade, il n’est pas rare qu’à cette étape, le conflit se transforme en rupture plus ou moins fracassante.

Fin de l’escalade : la rupture
Il s’agit d’un événement qui symbolise la fin de la relation entre les protagonistes. Cette rupture peut être éclatante et faire beaucoup de bruit, ou revêtir un caractère tacite et demeurer silencieuse. Il n’en demeure pas moins que les relations sont rompues.

© Publié par Jean Poitras et Solange Pronovost le 15 septembre 2007.

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