dimanche 1 février 2015

Prendre des décisions difficiles et éviter le commérage: est-ce possible?

Par Jean Poitras, Ph.D.
 
Il est fréquent que la prise de décisions difficiles au travail provoque du commérage entre les employés concernant leur gestionnaire. En effet, les employés frustrés peuvent se plaindre indirectement par le biais de ragots. On pourrait croire que c'est un phénomène inévitable et que les gestionnaires doivent s'y résigner. Pourtant, une récente étude démontre qu'une décision imposée ne crée pas automatiquement du commérage en milieu de travail. En fait, cela dépendrait du sentiment de justice relationnelle, soit la perception d'avoir été traité dignement ou non. Il serait donc possible de prendre des décisions difficiles sans provoquer de commérage.

Pour comprendre le phénomène du commérage, il faut d'abord comprendre pourquoi les employés choisissent de médire au sujet de leur patron. Le commérages répond à deux besoins. D'abord il permet aux employés de se défouler contre le patron avec plus ou moins de discrétion. C'est en quelque sorte un mécanisme de vengeance. Ensuite, il permet d'aller chercher un support émotif auprès des collègues. Le commérage permet de compenser avec un support par les pairs la manière «injuste» avec laquelle un employé a été traité par son patron. Il ne serait donc pas une réaction à l'autorité, mais plutôt au sentiment d'injustice.
 
Afin de traiter avec considération ses employés, le gestionnaire doit prendre le temps de communiquer avec respect et éviter certains faux pas. Selon les recherches, le sentiment d'injustice relationnelle chez les employés est particulièrement associé aux comportements des gestionnaires suivant :

  • Ne pas considérer les sentiments de l'autre
  • Ne pas reconnaître les besoins et désirs de l'autre
  • Faire preuve de froideur, voir d'impolitesse
  • Ne pas apprécier la performance et les efforts de l'autre
  • Utiliser un ton autoritaire ou hautain

Le sentiment de justice relationnelle est donc au coeur d'une relation saine entre le gestionnaire et ses employés, plus particulièrement lorsque vient le temps de régler un conflit. En fait, il semble que les employés font peu de commérage, même suite à une décision impopulaire si ceux-ci ont l'impression d'avoir été traités avec respect. La morale de cette histoire est que peu importe comment un patron impose ses décisions ou règle un conflit, l'important est de créer un sentiment de justice relationnelle. Évidemment, une approche collaborative favorise plus facilement un tel sentiment de justice.

Références
  • DIJKSTRA, Maria, BEERSMA, Bianca, et VAN LEEUWEN, Jelle. Gossiping as a response to conflict with the boss: alternative conflict management behavior?. International Journal of Conflict Management, 2014, vol. 25, no 4, p. 431-454.
  • MIKULA, Gerold, PETRI, Birgit, et TANZER, Norbert. What people regard as unjust: Types and structures of everyday experiences of injustice. European journal of social psychology, 1990, vol. 20, no 2, p. 133-149.

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