Peut-on détecter les individus toxiques lors des entrevues d’embauche ?

Par Jean Poitras Ph.D.

Dans un billet récent, un collègue a soulevé le point de savoir si on peut détecter les personnes toxiques dès l’entrevue, avec l’idée simple qu’éviter de les embaucher profiterait à tous. Il est conseillé de vérifier les références, bien que le risque demeure que ces individus obtiennent de bonnes recommandations de ceux qui cherchent à s’en défaire. La question reste donc : quels signes peut-il observer en entretien, notamment dans les réponses ? 

Lors d’un entretien, on peut facilement masquer son véritable tempérament. Ainsi, un caractère toxique cachera probablement ses défauts. Cependant, ces individus présentent souvent un point commun : un manque d’empathie et d’autoréflexion, parfois associé à de l’alexithymie. En posant des problèmes précis, on peut capter des indices qui révèlent un manque de ces qualités essentielles.

Il propose donc ici trois interrogations qui, d’après son expérience, peuvent servir de « drapeaux » pour identifier une personne possiblement difficile ou toxique. Chaque question permet de mettre en évidence quelques indices.

« Pouvez-vous me parler d’un moment où vous avez rencontré un désaccord ou un conflit avec un collègue ? Comment avez-vous géré la situation ? »

• Blâme des autres : Si le candidat attribue toute la responsabilité aux autres sans introspection, cela peut révéler une tendance à éviter de prendre ses responsabilités.
• Rigidité dans les compromis : Un manque de flexibilité ou une attitude de refus face aux compromis peut indiquer une difficulté à collaborer.
• Besoin excessif de contrôle : Si le candidat décrit des comportements où il impose sa solution sans concertation, cela peut signaler des traits autoritaires ou une volonté de domination.

« Quelle a été la critique la plus difficile que vous avez reçue dans votre travail, et comment avez-vous réagi ? »

• Réaction défensive : Un candidat qui minimise la critique ou la rejette montre une possible difficulté à accepter les retours d’information.
• Refus d’admettre ses erreurs : Si le postulant ne reconnaît aucune part de responsabilité, cela peut indiquer une lacune d’autocritique et d’ouverture à l’amélioration.
• Absence de réflexion personnelle : Une réponse vague ou évasive peut révéler un postulant qui ne réfléchit pas profondément à ses actions. Cela peut laisser alors transparaître un certain narcissisme.

« Racontez-moi une fois où vous avez remarqué qu’un collègue avait besoin de soutien. Comment avez-vous réagi ? »

• Manque d’empathie : Si l’explication s’avère froide ou distante, cela peut signaler une lacune d’attention aux aspirations des autres.
• Absence d’initiative pour aider : Un candidat qui attend qu’on lui demande explicitement de l’aide pourrait manquer d’attention ou de volonté d’agir pour les autres.
• Détachement émotionnel : Une réponse trop factuelle, sans mentions des sentiments ou besoins du collègue, peut indiquer une faible intelligence émotionnelle, souvent associée aux comportements toxiques.

Cependant, cette méthode pour détecter les individus toxiques se révèle faillible, mais en réalité, ce ne sont que des indices qui pointent dans cette direction. Lorsqu’on observe certains de ces signes en posant les trois questions, on recommande de vérifier les références de la personne. Un signal d’alerte devrait se déclencher, indiquant qu’il vaut peut-être la peine d’examiner la candidature davantage avant de procéder à l’embauche. Comme on dit, mieux vaut prévenir que guérir.

Source

• Maisonneuve, Francis. La conceptualisation des items permettant la détection des personnalités toxiques lors du processus de dotation. Projet supervisé en sciences de la gestion, option gestion des ressources humaines, HEC Montréal, 2018.