vendredi 14 octobre 2016

Devriez-vous conduire une médiation de groupe et une médiation interpersonnelle de la même manière ?

Par Jean Poitras Ph.D.

Alors que les conflits interpersonnels impliquent deux individus, les conflits de groupe met en cause généralement deux clans. Or la présence de plusieurs personnes mêlées à un conflit peut créer un effet de groupe. Par exemple, il a été démontrer que les individus en situation de groupe sont davantage polarisés et intransigeants qu’en situation de dyade. Devriez-vous tenir compte de ce phénomène lorsque vous planifier votre stratégie de médiation ? Selon une récente étude, il semble que oui. En effet, l’efficacité des stratégies de facilitation et de pressions peut varier en fonction du type de conflit. Qu'est-ce que cela signifie pour les médiateurs?

Lorsqu'un conflit implique seulement deux individus, il peut être plus facile de trouver une solution satisfaisante pour les deux parties. Dans de tels cas, les stratégies de facilitation peuvent être les plus efficaces pour aider à résoudre le conflit. Ces stratégies sont particulièrement efficaces parce qu'elles modèlent les comportements positifs entre les deux parties en conflit. 

Voici quelques exemples d’interventions de type facilitation :

Encourager les parties à communiquer directement. Le médiateur pourrait encourager les parties à communiquer directement entre elles et à exprimer leurs préoccupations et leurs sentiments de manière constructive et respectueuse.

Faciliter l'écoute active. Le médiateur pourrait aider les deux parties à s'écouter mutuellement de manière active, afin de s'assurer que les deux parties se sentent entendues et comprises. Il peut résumer les points clés pour faire avancer les discussions.

Reformulation de la question. Le médiateur pourrait aider les deux parties à reformuler le conflit de manière plus positive ou productive, en mettant l'accent sur les intérêts et les objectifs communs plutôt que sur les différences.

Dans les conflits de groupe, il peut être difficile de trouver une solution satisfaisante pour toutes les parties. C'est pourquoi le médiateur doit envisager des stratégies plus directes et autoritaires pour aider à résoudre le conflit. Bien que cela puisse sembler agressif, ces approches peuvent être efficaces pour parvenir à une résolution satisfaisante. Par exemple, dans un groupe où certaines personnalités ont une influence disproportionnée sur la dynamique de groupe, les stratégies plus directes et autoritaires peuvent aider à rééquilibrer cette dynamique et à donner une voix à tous les membres. De même, lorsque les parties ont des positions fermes et des intérêts divergents, ces stratégies peuvent établir un cadre clair pour la discussion et guider les parties vers une résolution plus efficace. Enfin, les stratégies plus directes et autoritaires peuvent aider à prévenir les risques de violence verbale, en fixant des limites claires pour la discussion et en modérant les échanges entre les parties lorsque les émotions sont très intenses.

Voici quelques exemples d’interventions directives :

Stopper la conversation négative. Le médiateur pourrait intervenir pour couper rapidement une conversation négative en rappelant aux parties l'objectif de la médiation et en les encourageant à rester concentrées sur les solutions possibles plutôt que sur les problèmes.

Garder le focus sur le problème principal. Le médiateur pourrait aider les parties à rester centrées sur le problème principal en posant des questions qui aident à clarifier les éléments prioritaires de l'objet du conflit et en encourageant les parties à ne pas s'attarder aux éléments en marge du conflit.

Évacuer l'aspect émotif des conversations. Le médiateur pourrait aider les parties à évacuer l'aspect émotif des conversations en encourageant l'expression de sentiments et d'émotions, tout en veillant à ce que les parties s'expriment de manière respectueuse et constructive.

Il est important de noter que les stratégies plus directes et autoritaires ne doivent être utilisées que lorsque cela est vraiment nécessaire. Le médiateur doit toujours faire preuve de neutralité et d'impartialité, et ne doit jamais abuser de son autorité. Personnellement, je préfère un mélange de stratégies de facilitation et de stratégies directives pour animer une discussion de groupe.

Le message à retenir ici est que lorsqu'il s'agit de résoudre un conflit de groupe, il peut être nécessaire pour le médiateur d'adopter des stratégies plus interventionnistes et directes pour parvenir à une solution satisfaisante pour toutes les parties impliquées. Cela ne signifie pas que le médiateur doit agir comme un dictateur, en imposant ses décisions aux parties en conflit. Au contraire, le médiateur doit chercher à faciliter la communication constructive entre les parties. Cependant, il est important de ne pas hésiter à utiliser des stratégies plus directives si cela est nécessaire pour aider les parties en conflit à parvenir à une solution. 

Référence
  • KHACHATUROVA, Milana R. et POIMANOVA, Daria M. The Role of Mediation Strategies in Solving Interpersonal Conflicts. Conflict Resolution Quarterly, 2015, vol. 33, no 1, p. 35-55.




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Médiateurs chefs d'orchestre et médiateurs interventionnistes



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