mardi 22 mai 2012

Jimmy Carter et la grève étudiante

Le bilan de la présidence de Jimmy Carter (39ième président des États-Unis, de 1977 à 1981) est considéré comme plutôt moyen par les historiens politiques. Par contre, après sa défaite à l'élection présidentielle de 1980, le président Carter s'est lancé dans une carrière internationale de médiateur qui a connu beaucoup de succès (Prix Nobel de la paix en 2002). Notamment, il a contribué au dénouement de guerres civiles en Amérique centrale. Quelle était la stratégie de Jimmy Carter? Pourrait-elle s'appliquer au dénouement de la grève étudiante qui paralyse le Québec depuis plusieurs mois?

Débutons avec un postulat théorique. Pour résoudre un conflit, on peut négocier un compromis sur le fond du problème ou encore négocier un processus de sortie de crise. Dans le cas d'une négociation sur un processus, l'objectif n'est pas de trouver une solution, mais plutôt de s'entendre sur une manière de trancher un conflit. Le processus peut être simple comme un tirage au sort, plus complexe comme un arbitrage, ou encore laborieux tel qu'un processus électoral ou référendaire. L'erreur typique dans la gestion des conflits idéologiques est de vouloir à tout prix négocier un compromis. En effet, il est très difficile de faire un compromis sur des valeurs. Le Président Carter a bien compris ce défi et c'est pourquoi  ses médiations ont souvent porté sur un processus de sortie de crise plutôt que la recherche d'un compromis.

Malgré les apparences, négocier un processus est difficile. D'abord, il faut que toutes les parties aient confiance dans l'équité du processus. Ensuite, elles doivent croire qu'elles auront une chance égale de faire valoir leur point de vue. De plus, elles doivent s'engager à respecter le résultat du processus. Dans certains cas, il faut aussi négocier le «prix de consolation» du perdant. Par exemple, quelle sera la place et l'avenir de l'option perdante? Finalement, lorsque la méfiance est grande entre les parties, les négociations peuvent s'avérer laborieuses. En effet, chaque partie a peur de se faire avoir par l'autre. Néanmoins, le résultat d'une négociation d'un processus de sortie de crise peut  être spectaculaire. La guerre civile au Nicaragua a été désamorcée par des élections négociées et observées par Jimmy Carter.

Revenons au conflit étudiant. Il est peut-être temps de cesser de vouloir à tout prix négocier un compromis entre les étudiants et le gouvernement. Même si en théorie un compromis est possible, il me semble que l'idéologie et l'escalade du conflit rend le potentiel de trouver un compromis minime. Dans certains conflits de travail, il faut parfois recourir à l'arbitrage quand la négociation a échoué. Peut-être est-il temps de s'engager sur la négociation d'une sortie de crise qui impliquerait un processus pour trancher le conflit (élection, référendum, etc.). Mais il reste une question importante: qui sera notre Jimmy Carter?

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