vendredi 14 octobre 2011

Médiateurs chefs d’orchestre et médiateurs interventionnistes

Par Jean Poitras, Ph.D.

Dans une recherche classique sur le processus de médiation, Deborah Kolb a identifié deux styles prédominants de médiateurs. Le médiateur de style « chef d'orchestre » limite son intervention à faciliter les négociations. À l'opposé, nous retrouvons le médiateur au style « interventionniste », qui s'implique activement dans la recherche d'une entente. Chacun de ces deux styles de médiation présente des avantages et des inconvénients. Bien entendu, ces styles constituent deux pôles: et les médiateurs se retrouveront généralement entre ces pôles. Dans cette perspective, la notion de style ne doit pas être considérée comme une tendance absolue, mais plutôt comme une tendance naturelle, qui peut emprunter à l'autre style lors de situations particulières.

Le style chef d'orchestre. Le médiateur « chef d'orchestre » a une approche plutôt passive quant à la direction des négociations. Il centre son intervention sur l'encadrement des négociations, supervise les discussions et encourage la recherche de solutions communes. Le médiateur « chef d'orchestre » laisse beaucoup de liberté aux parties pour formuler elles-mêmes leur entente, et ce, à leur rythme. Ce style d'intervention est propice à l'établissement d'un partenariat durant la conception d'un projet ou d'une politique. Pour le médiateur « chef d'orchestre », son rôle consiste à appuyer le processus de médiation tout en laissant la responsabilité aux parties de trouver une solution.

Le style interventionniste. En plus d'encadrer les négociations comme le médiateur « chef d'orchestre », le médiateur « interventionniste » s'implique activement dans les négociations. Il dirige généralement les discussions et peut aussi faire des suggestions de compromis. Tout en demeurant impartial, il peut même chercher à inciter les parties à faire des concessions. Le médiateur « interventionniste » voit son rôle comme étant de trouver une solution, quitte à forcer le pas aux parties. Le style « interventionniste » est très efficace en situation de crise, où les parties doivent trouver rapidement une solution pour débloquer une impasse. Dans ces circonstances, une intervention un peu plus musclée de la part du médiateur est alors appropriée.

En conclusion, peut-on dire qu'un style est supérieur à l'autre? L'expérience clinique démontre que les deux styles sont utiles selon les circonstances. Un problème apparaît lorsqu'un médiateur est incapable de passer d'un style à l'autre selon les besoins de la dynamique entre les parties. Bien que l'on puisse être naturellement plus confortable avec un des deux styles, on pourrait donc dire que le meilleur style est le style «souple»!


Référence
  • KOLB, Deborah M. Roles mediators play: State and federal practice. Industrial Relations: A Journal of Economy and Society, 1981, vol. 20, no 1, p. 1-17.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour le test de personnalité! Je suis interventionniste et fier de l'être.