lundi 22 août 2011

La présence d’avocats nuit-elle au processus de médiation?


Un des mythes importants chez les médiateurs est que la présence d’avocats nuit au processus de médiation. En effet, les médiateurs se plaignent régulièrement que la présence d’avocats rende le processus plus lourd et réduise les chances d’en arriver à une entente. Pourtant, une étude récente démontre que la présence d’avocats ne nuit pas au processus de médiation. En comparant des médiations qui se sont déroulées sans la présence d’avocats avec des médiations qui se sont tenues en présence d’avocats, aucune différence significative n’a été constatée quant au taux de règlement et au niveau de satisfaction avec l’entente.


Est-ce à dire que les médiateurs ont une perception complètement erronée de l’impact de la présence d’avocats sur le processus de médiation? Pas tout à fait. La même étude démontre que la présence d’avocats allonge la durée moyenne d’une médiation de 20%. De plus, la présence d’avocats diminue la perception de l’efficacité du travail du médiateur par les parties d’environ 14%. Si la présence d’avocats ne semble pas jouer sur le taux de règlement et le taux de satisfaction, il n’en demeure pas moins que le travail des médiateurs s’en trouve probablement complexifié.

Seule ombre au tableau, selon la même étude, la présence d’avocats semble diminuer le taux de réconciliation entre les parties. Conséquemment, si le taux de règlement demeure similaire, il semblerait que la qualité des ententes (si on considère la réconciliation entre les parties comme un indice de qualité) soit moindre lorsque des avocats sont présents. En effet, le taux de réconciliation entre les parties diminue de près de 40% lorsque des avocats représentent des parties dans le cadre d’une médiation.

L’explication la plus probable à ce phénomène est peut-être la tendance des avocats à parler pour les parties qu’ils représentent. En effet, le dialogue direct entre les parties favorise fortement la réconciliation entre celles-ci. Lorsque le dialogue est inhibé dans une médiation, le potentiel de réconciliation est moindre. À cet effet, il peut être stratégique pour les médiateurs de discuter avec les avocats de leur rôles durant la médiation. Plus particulièrement, le médiateur doit inciter les avocats à permettre aux parties de se parler directement, même si ce n’est qu’après que les éléments juridiques aient été réglés.

Source: Poitras, J., Stimec A. et J.F. Roberge. 2010. “The Negative Impact of Attorneys on Mediation : A Myth or a reality?” Negotiation Journal, 26 (1), p. 9-24.

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