lundi 21 mars 2011

Médiation : L’impact de la présence d’une personnalité fuyante

La plupart des modèles de médiation mettent de l’avant deux préceptes clés : centrer les discussions entre les parties sur le futur plutôt que sur le passé et favoriser la créativité dans la recherche d’une solution gagnant-gagnant. Pourtant, dans le cadre de médiations, une récente recherche suggère que ce mode opératoire ne peut fonctionner avec les personnalités fuyantes (Nelson, Albeck-Solomon et Ben-Ari, 2011). De plus, la même étude avance que la probabilité de rencontrer une personnalité fuyante dans le cadre d’une médiation est relativement forte.


Selon la théorie du type d’attachement, les personnalités fuyantes cherchent à fuir le conflit de façon pathologique. Ainsi, elles éviteront de parler du conflit et seront extrêmement réticentes à s’impliquer dans un processus de recherche de solutions. C’est la peur du contact avec l’autre, exacerbé par le conflit, qui nourrirait ces comportements. De façon plus spécifique, les personnalités fuyantes auraient beaucoup de difficulté à être créatives (i.e. proposer des solutions) et à considérer les contacts futurs (i.e. ententes qui maintiennent une certaine forme de relation) dans le cadre d’une médiation (Nelson, Albeck-Solomon et Ben-Ari, 2011). Puisqu’il s’agit d’un trait de personnalité, le médiateur doit être en mesure de composer avec ces déficits relationnels.

Bien que les auteurs ne proposent pas de solutions spécifiques, l’expérience clinique suggère quelques stratégies. Dans le cadre d’une médiation, trois stratégies m’apparaissent particulièrement intéressantes:
  1. Utiliser le caucus car il permet d’éviter le contact direct entre les parties. On limite ainsi la peur du contact avec l’autre. 
  2. Viser des solutions simples qui nécessitent peu de contact futur entre les parties. On limite ainsi le niveau de contact entre les parties qui est nécessaire pour mettre en œuvre l’entente. 
  3. Envisager de proposer des solutions. En effet, puisque la créativité sera fortement limitée par la personnalité fuyante, la recherche de solutions peut s’avérer une expérience très frustrante pour l’autre partie.
Même si ces stratégies permettent de débloquer les impasses reliées à la présence de personnalités fuyantes, il n’en demeure pas moins que le processus de médiation sera moins riche et peu satisfaisant. En effet, la présence d’une personnalité fuyante ne permet pas d’utiliser le plein potentiel de la médiation. Néanmoins, l’un des rôles du médiateur est de maîtriser suffisamment le processus de médiation et les stratégies de médiation pour les adapter aux caractéristiques des parties impliquées dans un conflit.
Source: Nelson, N., Albeck-Solomon, R. et R. Ben-Ari. 2011. “Are your disputant insecure and does it matter? Attachment and disputants’ speech during mediation”, Negotiation Journal, 27 (1), p. 45-68.

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